Atelier de Pratique Pénale – L’éthique : l’avocat pénaliste, un savoir être

Le 18 janvier 2020 Bruno REBSTOCK a animé la première séance de l’Atelier de Pratique Pénale sur le thème « L’éthique : l’avocat pénaliste, un savoir-être :

Extrait :

« Je suis parti du constat relatif à la complexité du regard porté sur l’avocat pénaliste et décrivant ce dernier comme un avocat exposé dès lors que si la défense se construit avec le droit et dans le droit, elle s’affiche et prospère sur des sujets sociétaux sensibles : la violence, le meurtre, la sexualité, la sécurité, l’étranger, la drogue, les armes, en un mot toutes les déviances aux normes sociales : l’avocat pénaliste est là parce qu’il y a eu atteinte ou suspicion d’atteinte à unes des valeurs essentielles du contrat social. Il convenait donc d’interroger l’avocat pénaliste dans sa pratique et son savoir-être : savoir-être à l’égard de la vérité, des enquêteurs, du juge, du justiciable, de ses confrères et de lui-même d’abord.

Auxiliaire de Justice : est-ce que cela nous inscrit dans un rapport à l’institution judiciaire ou dans un rapport à la valeur morale ?

En définitive, c’est la distance qui importe : distance avec le juge, distance avec soi-même, distance avec le mandant, distance avec le confrère.

Comment définir et conjuguer éthique et déontologie ?

Si la déontologie est l’ensemble des règles morales qui nous est imposé parce que nous sommes avocats - l’indépendance, l’honneur, la probité, la confraternité, la loyauté, le contradictoire, la délicatesse – l’éthique est le corpus de règles personnelles que chacun d’entre nous crée et s’impose.

Ethique et déontologie sont complémentaires : le respect de la déontologie est un impératif légal. Le manquement est sanctionné. C’est le savoir être minimum, la garantie de base. L’éthique c’est ce que nous sur-imposons aux règles déontologiques. C’est le savoir être avec conscience, un supplément d’âme. En quelque sorte le manteau jeté sur la nudité de la déontologie. Alors ces deux corpus de règles constituent-ils une contrainte ou une force ? Une contrainte bien sûr car la liberté qui est consubstantielle à l’avocat est antinomique avec la règle. La déontologie bride ma liberté et la bride d’autant plus que je n’ai pas le choix de m’y soumettre et de m’y soustraire. L’éthique c’est une libre restriction à ma liberté mais c’est une restriction que l’Autre m’impose. Sans l’Autre l’éthique n’a pas de raison d’être. En réalité éthique et déontologie constituent incontestablement une force si l’on veut bien postuler que l’éthique est le renfort du socle déontologique lequel constitue le plus petit dénominateur commun des règles du savoir-être ».